Les agences de notation financières : puissants influenceurs des marchés financiers

Découvrez l’histoire, le processus de notation, mais aussi les lacunes des agences de notation financières et leur rôle dans l’économie mondiale.

Organismes chargés d’évaluer le niveau de risque d’un emprunteur, les agences de notation financières ont une place capitale dans l’économie.

Dans la psychologie des marchés financiers, la confiance est un facteur clé pour la réussite d’une entreprise cotée en bourse. Le jour où les investisseurs perdent cette confiance, les cours des titres chutent à une vitesse vertigineuse, appauvrissant la société du même coup. Mais d’où vient la confiance dans l’investissement ? Les agences de notation financières ont une réponse à nous apporter.

Voici un résumé complet des informations dont vous avez besoin afin de comprendre le rôle des agences de notation financières sur notre économie.  

Le Fonctionnement des Agences de Notation Financières

Entités connues sous le nom de Credit Rating Agency (CRA) en anglais, les Agences de Notation Financières ont pour mission d’évaluer la qualité de la signature d’emprunteurs tels que :

  • les États ;
  • les entreprises privées ou publiques ;
  • les collectivités locales (communes, départements, régions).

La qualité de la signature définit, en d’autres termes, le niveau de risque de non-remboursement des dettes que présente tel ou tel emprunteur. C’est donc la solvabilité de ladite entité qu’étudient les agences de notation financières, en passant au crible un maximum d’informations à son sujet.

À noter : les titres tels que les obligations peuvent également être évalués par les agences de notation financières.  

Le système de notation

À l’issue de leur évaluation, les agences de notation financières diffusent publiquement un rating, c’est-à-dire une note pouvant aller de AAA (attestant que l’entité est très fiable) à D (entité en faillite, lourd risque de non-remboursement). En complément de ce système de notation à lettres, d’autres éléments tels que les “+ ou -” ainsi que les “1 ou 2” permettent d’affiner le jugement émis.

Grâce à cette évaluation, on distingue deux grandes catégories d’emprunteurs :

  • entre AAA et BBB on parlera d’investissement ou High Grade ;
  • en dessous et jusqu’à D, on parlera de spéculation.

Pour se faire une idée, on peut partir du principe qu’une entreprise notée AAA présentera un risque de faillite de l’ordre de 0.05%. Parce que cette note prend valeur d’attestation quant à la bonne santé financière de l’entreprise, elle influence de nombreux investisseurs, notamment les investisseurs institutionnels.

Du fait de la forte valeur accordée à leur évaluation et afin de se protéger juridiquement, les agences de notation financières soulignent que ces notes :

  • ont uniquement vocation à donner une estimation du risque ;
  • n’ont pas valeur d’autorité sur les prises de décisions des investisseurs ;
  • ne constituent aucunement une recommandation quelconque ;
  • ne sont pas figées et peuvent ainsi évoluer dans le temps.

Le processus de notation

Si en général la notation est sollicitée par les emprunteurs auprès des agences de notation financières, il peut arriver que certaines prestations soient prises à leur propre initiative : dans ce cas, elles récolteront leurs informations via des sources publiques.

Dans le cas où un émetteur rémunère l’agence de notation financière pour obtenir une évaluation, trois étapes constituent le processus :

  1. L’agence collecte les informations internes auprès du client et s’entretiendra directement avec lui afin d’avoir une bonne vision de sa santé financière.
  2. Ces données constitueront ensuite plusieurs scénarios financiers prévisionnels qui aideront à mesurer le risque de non-remboursement du client.
  3. Enfin, la structure à venir des coûts et revenus du client permet d’affecter un coefficient de probabilité à chacun de ces scénarios.

De nombreux facteurs sont ainsi pris en compte dans le travail des agences de notation, dont on peut citer :

  • les événements importants de la vie d’une entreprise (fusion, acquisition, investissement…) ;
  • les informations macroéconomiques ;
  • l’expérience du secteur concerné ;
  • les données comptables.

Pour plus de transparence, l’intégralité des critères de notation est présente sur les sites web de chaque agence de notation. Une fois la notation émise par l’agence, l’émetteur est en droit de faire appel à la décision du comité. La décision finale sera ensuite publiée au sein d’un communiqué de presse synthétique.

Attention : malgré sa précision supposée, le rating ne donne aucune indication sur la rentabilité d’un investissement, la liquidité ou la volatilité d’un titre émis.  

L’Histoire des Agences de Notation Financières

Si aujourd’hui, c’est à l’emprunteur de payer les services des agences de notation financières, il n’en a pas toujours été ainsi : auparavant et pendant un demi-siècle, il incombait aux investisseurs de payer pour obtenir ces notations.

Depuis, le système a changé, mais le marché des agences de notation demeure monopolisé par les trois acteurs suivants :

À elles trois, ces agences représentent plus de 85% du marché de la notation financière - on parle du Big Three. Les barrières à l’entrée sont donc colossales et dissuasives pour la plupart des concurrents potentiels.  

Responsabilité des Agences de Notation

Bien que depuis 1980, le verdict des agences de notation soit une référence pour les investisseurs, l’actualité plus récente telle que la crise des subprimes (2007) et la crise monétaire (2010) ont remis en cause ce modèle. La crise des subprimes est un bon exemple des dégâts que peuvent causer les notations de ces agences, ainsi que le crédit les investisseurs leur accordent. En donnant la note maximum (AAA) à certaines opérations financières sur les crédits hypothécaires, les agences de notation financières ont mis la plupart des investisseurs en confiance. Ainsi, le risque encouru a été sous-évalué et a engendré la naissance d’une bulle de crédit. Lorsque les agences ont décidé de revoir leur notation à la baisse, il était déjà trop tard : la chute brutale et tardive de notation, au lieu de réduire la bulle, a au contraire aggravé l’engagement des États dans la crise. En se fiant aveuglément à la notation publiée par les agences, les investisseurs ont été moins aptes à appréhender le risque réel de leurs crédits.  

Régulation des Agences de Notation

Suite à ce genre d’événements à l’origine de bouleversements économiques majeurs, l’Europe comme les États-Unis ont pris des mesures afin d’améliorer la transparence des agences de notation financières et d’éviter de tomber dans les mêmes pièges à l’avenir.

Plusieurs réglementations ont alors vu le jour :

  • La SEC (Securities and Exchange Commission) accorde le statut de Nationally Recognized Statistical Rating Organisation (NRSRO) à certaines agences de notations financières contrôlées aux États-Unis.
  • Depuis 2011, l’AEMF (Autorité Européenne des Marchés Financiers) ou ESMA en anglais, enregistre les agences de notation financières en demandant de la transparence concernant les méthodes et outils utilisés, ainsi que l’accès à une base de données historique.
  • L’International Organization of Securities Commissions (IOSCO) publie un code de conduite destiné aux agences de notation financières.

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Inconvénient des Agences de Notation Financières

L’impact économique

Bien qu’elles affirment ne donner qu’une indication de la santé de l’émetteur, le verdict des agences de notation financières engage des conséquences radicales pour ses clients. En effet, les investisseurs institutionnels ne s’engagent pas envers des emprunteurs à risque dont la note est au-dessous de BBB (valeurs spéculatives). De même, les banques centrales exigent un rating minimum de la part des emprunteurs pour qu’ils soient éligibles à un crédit. La note décernée au client sera donc décisive quant à son aisance à dégager des fonds de financement. Avec une évaluation trop faible, le cours des titres émis par une entreprise donnée subit une perte de manière quasi systématique, du fait de la perte de confiance des investisseurs.

En outre, les taux d’intérêts proposés aux emprunteurs notés AAA seront logiquement plus faibles et auront un impact positif sur leur santé économique (et inversement) : on parle dans ce cas de prime de risque.  

Les faiblesses des agences de notation financières

On note plusieurs faiblesses dans le système de fonctionnement des agences de notation financières :

  • La dépendance. Les agences de notation financières sont rémunérées par les émetteurs qu’elles sont censées noter ; si le rating attribué est insuffisant, ce même client pourra simplement s’adresser à un concurrent. Il est donc normal de se demander si leur impartialité est totale.
  • L’ingérence. En plus de leur activité de notation, les agences jouent le rôle de conseillères. Ainsi elles s’impliquent au coeur du processus qu’elles sont pourtant censées noter d’un point de vue extérieur.
  • L’incompétence. Enron, Worldcom, Vivendi… autant d’entreprises ayant subi une faillite peu de temps après avoir reçu un excellent rating de la part des agences de notation. Preuve qu’il est dangereux d’accorder trop de confiance à long terme à ces évaluations. De même, jamais une crise économique n’a pu être prévenue par les agences de notation financières : au contraire, ces dernières ont souvent aggravé la situation par l’abaissement brutal de leur rating !

Conclusion

Les agences de notation financières ont un rôle prépondérant dans la confiance accordée aux emprunteurs par les investisseurs les plus puissants. Malgré leur impact sur les marchés financiers et sur l’économie en générale, ces institutions sont loin d’être sans faille. L’histoire l’a démontré : il demeure dangereux de vouer une confiance aveugle à leurs processus d’évaluation sans tenir compte de l’environnement macroéconomique.