La théorie d’efficience des marchés : un pavé dans la marre de l’investissement financier

Découvrez l’origine historique, les implications et les arguments affirmant ou infirmant la validité de la théorie d’efficience des marchés.

Démocratisée par l’économiste américain Eugène Fama, la théorie d’efficience des marchés lance un débat toujours d’actualité dans le monde de l’investissement boursier.

“Un marché dans lequel les prix reflètent totalement et constamment toute l’information disponible est appelé marché “efficient” “ : c’est en ces termes que Eugène Fama avance l’hypothèse de l’efficience des marchés. Encore aujourd’hui, cette dernière remet en cause les fondements mêmes du Trading.

Voici un résumé complet des informations dont vous avez besoin afin de comprendre les postulats et conséquences de la théorie de l’efficience des marchés.  

Origine de la Théorie d’Efficience des Marchés

C’est en 1863 que Jules Regnault, économiste français, publie son livre intitulé “Calcul des chances et philosophie de la bourse”. 

Dans ce dernier, il distingue deux types d’investisseurs :

  • les spéculateurs, qui s’engagent sur l’économie à long terme ;
  • les joueurs, qui s’impliquent davantage dans le court terme.

Selon Regnault, ces derniers, parce qu’ils enfreignent le “fonctionnement de la nature”, ne participent pas au développement économique et finissent toujours ruinés dans leurs Trades. Cette affirmation est vérifiée par ses soins de manière empirique via la bourse de Paris. Plus tard, la théorie de l’économiste français sera formalisée mathématiquement par Louis Bachelier, en 1900.

On voit alors lentement émerger la théorie d’efficience des marchés selon laquelle :

  • il est impossible d’anticiper la variation des cours ;
  • les ressources sont toujours affectées de manière optimale.

Cette hypothèse est appuyée par Alfred Cowles en 1933 (au lendemain de la crise de 1929) : ce dernier prouve empiriquement que la performance du marché est meilleure que celle d’un portefeuille fondé sur les prévisions d’experts. Holbrook Working étendra l’application de cette hypothèse sur le marché des matières premières, jusqu’à ce que l’économiste américain Eugène Fama officialise cette théorie d’efficience des marchés dans son article “Efficient Capital Markets : a Review of Theor and Empirical Works”, qu’il aura élaborée au cours des années 1950 et 1960.  

Le Postulat de l’Efficience des Marchés

Parce qu’elle affirme qu’il est impossible de battre le marché, l’hypothèse d’efficience des marchés bouleverse les croyances du monde de l’investissement. Selon cette théorie, aucune action n’est sous-évaluée ou surévaluée puisqu’elles sont toujours échangées à leur juste valeur ! Valider cette théorie reviendrait donc à disqualifier des pratiques comme le Stock Picking ou le Market Timing et, de manière plus globale, l’analyse fondamentale et l’analyse technique. À l’inverse, les ETF (fonds indiciels reproduisant le plus fidèlement la valeur d’un indice) tireraient alors leur épingle du jeu.

De nombreuses assertions découlent ainsi de la théorie d’efficience des marchés :

  • sur le long terme, aucune stratégie - peu importe son niveau de risque - ne peut générer un profit supérieur au marché lui-même ;
  • les prix sur le marché intègrent à tout moment l’intégralité des informations qui les impactent ;
  • la mémoire des marchés financiers est non avenue ;
  • seuls les flux de trésorerie ont une importance ;
  • mieux vaut arbitrer son portefeuille par soi-même.

Bon à savoir : les travaux de Brealey, Myers et Allen sur la théorie d’efficience des marchés apportent une vision plus complète de la gestion financière adéquate si celle-ci est valide.

On distingue trois niveaux d’intensité de la théorie d’efficience des marchés :

  • l’efficience faible (weak form) selon laquelle le cours des actifs présente des variations aléatoires qu’il est impossible de prévoir, le passé n’ayant pas d’impact sur les prix actuels ;
  • l’efficience semi-forte (semi-strong form) selon laquelle toutes les informations rendues publiques sont intégrées dans le prix actuel des actifs ;
  • l’efficience forte (strong form) selon laquelle les informations publiques mais aussi privées sont prises en compte par les prix.

Concrètement, chaque forme d’efficience des marchés remet en question un principe du Trading :

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Les détracteurs de l’Efficience des Marchés

Bien que les implications de la théorie d’efficience des marchés soient particulièrement lourdes, cette dernière demeure controversée. En effet, l’empirisme démontre que cette hypothèse a déjà été mise à mal de nombreuses fois.

Si de nombreuses études attestent que la théorie d’efficience semi-forte serait valide et que le hasard offrirait d’aussi bonnes performances que le travail de Traders professionnels, il n’en demeure pas moins que des exemples concrets posent question :

  • Durant le Krach boursier de 1987, la valeur du Dow Jones chute de 20% en une seule journée : la valeur réelle des actifs a-t-elle pour autant chuté de la même manière, sans que la psychologie du marché ait le moindre impact ?
  • De célèbres investisseurs comme Warren Buffet ont su battre le marché régulièrement, sur le long terme, et dégager un bénéfice bien supérieur à la performance du marché : est-ce dû uniquement au hasard ?
  • Edgar E. Peters avance la théorie du chaos, selon laquelle certaines périodes subissent davantage de bruit de marché. Ce phénomène réduirait proportionnellement l’efficience des marchés, qui auraient bien alors une mémoire.

Plusieurs chercheurs en finance comportementale mettent en avant le fait que les mécanismes d’imitation collective ainsi que les erreurs cognitives et émotionnelles auraient un impact sur la formation des prix des actifs. Ainsi, la théorie d’efficience des marchés serait faussée de facto.  

Conclusion

Au fil du temps, la théorie d’efficience des marchés s’est renforcée et a gagné en précision ainsi qu’en crédibilité. Pourtant, celle-ci demeure controversée autant dans la théorie que dans l’expérience : l’existence même des crises économiques remet en doute le fait que les prix des actifs soient toujours représentatifs de leur valeur réelle.